L’avènement des NFTs a révolutionné l’économie numérique sur tous les plans. La notion de la propriété à l’ère de la digitalisation a connu une évolution notable avec ces actifs basés sur la technologie de la blockchain. De nombreuses applications y découlent et chaque secteur d’activité essaie de s’adapter à cette nouvelle réalité. Le marché de l’art fait partie des tout premiers secteurs impactés. Ces jetons non fongibles révolutionnent les normes de ce secteur, car les artistes y voient un nouvel eldorado qui leur garantit plus de revenus. Focus dans cet article sur les impacts des NFTs sur les codes de l’art.
Qu’est-ce qu’un NFT d’art ?
Un NFT (Non Fungible Token) ou jeton non fongible est un actif numérique basé sur la technologie de la blockchain et qui a une certaine valeur. Défini par un code informatique unique qui garantit son unicité, le NFT est la propriété de celui qui l’a acheté à son créateur. Il est généralement lié à un fichier numérique dont il garantit la sécurité, l’authenticité, l’exclusivité et la traçabilité. En se référant à cette définition des NFTs, on peut mieux comprendre son application dans le secteur artistique.
Un NFT d’art est donc un jeton non fongible qui concerne le monde de l’art, un fichier numérique d’une œuvre artistique qui est sécurisée sur la blockchain. Il n’y a pas si longtemps que ça, l’art digital avait du mal à exister, car une production artistique sous forme numérique peut être dupliquée à l’infini : un simple copier-coller et on obtient deux copies identiques de tout fichier numérique qu’il soit de l’art ou pas. Ainsi, la notion de propriété sur un tel fichier était difficile à cerner. Avec l’avènement des NFTs, tout a changé en matière d’art numérique.
En effet, avec la blockchain, on peut générer des fichiers d’art numérique uniques et impossibles à dupliquer. Que ce soit pour un NFT image, un NFT GIF, un NFT 3D, un NFT musique, un NFT pixel ou un NFT vidéo, un marqueur d’authenticité infalsifiable est associé à chaque œuvre d’art numérique.
Quelles sont les origines de l’art avec les NFTs ?
Même si sa valeur réelle était difficile à estimer, car disponible gratuitement, l’art numérique existait bien avant l’avènement des NFTs. De nombreux artistes s'appropriaient déjà les outils digitaux pour pratiquer leur art en toute liberté. Des œuvres d’art numérique étaient donc réalisées par des créateurs qui recherchaient de la notoriété et un moyen d’exposer leur travail.
Avec les débuts des NFTs en 2014, une révolution s’amorce et l’histoire de l’art numérique change. Créés pour certifier l’originalité d’un ouvrage digital, ils trouvent rapidement une application dans le domaine. C’est donc en 2014 que le premier NFT de type artistique a été créé par Kevin McCoy. Il s’agissait d’une animation générée par un code informatique qui s’est appuyé sur la technologie de la blockchain.
En 2015, les NFTs ont pris leur envol avec le lancement de l’Ethereum permettant le développement des « smarts contracts ». Ces projets ont considérablement contribué au développement observé dans le secteur des arts numériques notamment. Mais c’est à partir de 2017 que les NFTs artistiques ont amorcé leur développement, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles générations d’artistes jusqu’alors inconnus. C’est ainsi que des produits d’art numérique ont commencé par être vendus à des montants hors du commun.
Quel est l’impact des NFTs sur les comportements artistiques ?
Les jetons non fongibles ont permis aux artistes de trouver le meilleur moyen pour vendre leurs créations. En effet, les réalisations de ceux-ci possèdent désormais une valeur et génèrent des bénéfices. Par le passé, la commercialisation des produits d’art numérique se faisait exclusivement par l’intermédiaire des droits d’auteur. Des licences devaient être accordées pour la reproduction des œuvres en question.
Les artistes sont désormais libres de vendre les copies numériques de leurs productions et d’être rémunérés en conséquence. Concrètement, l’art numérique avec les jetons non fongibles permet aux auteurs de gagner leur vie en vendant leurs créations. Mieux encore, ceux-ci peuvent fixer le prix des NFTs créés et aussi bénéficier des droits sur la revente de celles qu’ils ont déjà vendues. C’est la garantie de revenus supplémentaires qui permet d’envisager l’art d’une autre manière.
En outre, les créateurs peuvent nouer des partenariats avec des structures leur permettant de mieux exploiter leurs réalisations pour générer encore plus de revenus. C’est ce que propose la jeune marque de luxe Kalissa Paris qui est un nouveau projet NFT crypto tendance. Cette marque est spécialisée dans les partenariats avec les artistes et influenceurs pour le lancement de drops NFT exclusifs, des NFTs luxe. Il s’agit d’une façon originale d’inaugurer le luxe 3.0 et le principe du Wear-to-Earn qui révolutionnent les modes de consommation du luxe. Ce principe permet de gagner de l’argent en portant des vêtements de marque.
Les NFTs d’art sont donc devenus des outils incontournables pour les artistes qui veulent se faire connaître en ligne et gagner de l’argent. Le battage médiatique qu’il y a autour des jetons non fongibles permet à ces auteurs d’avoir accès à un nouveau marché leur permettant de mieux vendre leurs réalisations.
Du côté des consommateurs, une nouvelle génération de collectionneurs est née, celle des personnes qui n’étaient pas spécialement habituées des galeries ou maisons de vente de produits artistiques. Il s’agit toutefois de prospects accoutumés des transactions en ligne et appréciant les œuvres d’art. Pour acheter un NFT d’art, il suffit désormais d’avoir un portefeuille de cryptomonnaies et de se rendre sur une plateforme spécialisée (OpenSea, Rarible, SuperRare…) pour choisir dans quel NFT investir. Par ce nouveau procédé, les amoureux d’art digital sont directement en contact avec les créateurs. En plus de leur présence sur les réseaux sociaux, c’est ainsi que des communautés de followers se créent autour de ces derniers, ce qui contribue davantage à l’essor que connaît le marché des jetons non fongibles.
Quels sont les artistes ayant marqué l’histoire des NFTs d’art ?
Si l’histoire des jetons non fongibles et leur application dans le monde de l’art contemporain n’ont commencé que depuis quelques années, certains créateurs l’ont déjà marqué de leur empreinte. En effet, lorsqu’on évoque les NFTs d’art, certains noms viennent systématiquement à l’esprit.
XCOPY
Ce créateur anonyme est l’un des pionniers de l’univers des NFTs en général et celui des arts en particulier. Son style dystopique est l’un des traits caractéristiques de ses réalisations. Ce Londonien crée des images avec des pixels clignotants, ce qui donne une touche de vitalité à son art.
Dès le lancement de la plateforme SuperRare, les créations de ce crypto-artiste ont été mises en ligne. C’est inévitablement sa réalisation intitulée « A coin for the Ferryman » qui est la plus célèbre.
Beeple
Il s’agit de l’un des créateurs les plus influents de l’univers de l’art numérique. De son vrai nom Mike Winkelmann, il travaille sur les œuvres d’art numérique bien avant l’arrivée des jetons non fongibles. Les visuels pour les concerts pour de grands noms de la musique comme Nicki Minaj, Justin Bieber, Katy Perry, Eminem, One Direction et bien d’autres ont été réalisés par Beeple.
Il est l’un des pionniers du mouvement « Everyday » dans l’univers du graphisme. C’est d’ailleurs la compilation des images réalisées par ses soins « Everydays : The First 5000 days » qui est sa réalisation la plus chère (69.3 millions de dollars). Une autre de ses créations nommée « Human One » fut vendue à 29 millions de dollars, tandis que l'œuvre « Crossroad », une vidéo de 10 secondes, à l'effigie de Donald Trump, fut revendue sur le marché secondaire à 6.6 millions de dollars, par l'intermédiaire du site Nifty Gateway.
Pak
Pak est un crypto-artiste anonyme dont l’identité est entourée de mystères. Son style particulier rend ses créations iconiques et la façon dont il les réalise, avec des méthodes inhabituelles, fait de lui une référence dans le milieu.
Ce créateur a d’ailleurs collaboré avec la maison Sotheby’s pour les enchères de la collection « The fungible » ayant rapporté 17 millions de dollars. Pour la petite histoire, cette collaboration a démarré lorsque Pak a lancé une invitation sur Twitter à Sotheby’s à lui offrir un cadeau, invitation à laquelle a répondu la maison d’édition.
La création la plus emblématique de Pak est « The Merge », celle qui détient le record actuel du jeton non fongible le plus cher de l’histoire. Elle a été vendue à 91,8 millions de dollars.
FEWOCiOUS
Victor Langlois alias FEWOCiOUS est un jeune artiste qui a déjà marqué l’histoire de l’art numérique. C’est à 17 ans qu’il a vendu sa première œuvre d’art numérique à 1500 dollars. En l’espace d’un an seulement, il va enchaîner les succès et sa première collection va lui rapporter 17 millions de dollars. Il devient ainsi le troisième artiste NFT le plus vendu.
Cet auteur est celui dont l’une des réalisations a fait planter le site internet de Christie’s en juin 2021. Après qu’il ait gagné en notoriété avec sa production « The Everlasting Beautiful », de nombreux acheteurs s’étaient connectés à la plateforme pour faire des offres pour l’acquisition de sa prochaine collection. Cette affluence d’internautes a fait planter le site internet de la maison de vente aux enchères. On estime à plus de 7300 ETH (plus de 22,6 millions de dollars au moment des ventes), la valeur totale des productions déjà vendues par ce jeune créateur.
Il existe d’autres artistes ayant marqué positivement l’histoire dans ce registre. Parmi ceux-ci, on peut citer :
- Mad Dog Jones ;
- Trevor Jones ;
- 3LAU ;
- José Delbo ;
- Refik Anadol ;
- Coldie ;
- Hackatao ;
- FVCKRENDER.
L’influence de ces créateurs guide les pas de nouveaux acteurs qui ne cessent de se révéler dans ce secteur assez florissant.
Qu’en est-il des changements pour les maisons de vente d’œuvres d’art et les musées ?
1. La vente aux enchères
Les jetons non fongibles ont chamboulé les habitudes dans les modes de consommation de l’art. Ils bouleversent les codes de l’art, ce qui fait que les galeries et les maisons de vente d’articles d’art en sont impactées. Comme les artistes numériques se passent de celles-ci, elles n’ont pas d’autre choix que de se lancer en partie dans ce secteur, concurrencées par les nouvelles plateformes et marketplaces NFT.
C’est notamment la liquidation de Beeple chez Christie’s à près de 70 millions de dollars pour son oeuvre « Everydays : The First 5000 days » qui a fait que les grandes maisons internationales se sont lancées dans les NFTs. Une certaine frénésie est alors observée pour ces actifs numériques de la part des acteurs traditionnels du monde de l’art. La maison de vente aux enchères Sotheby’s a réalisé des ventes de NFT d’art se chiffrant à plus de 100 millions de dollars.
2. Les musées
De leur côté, les musées à l’échelle mondiale suivent la tendance des NFTs pour ne pas rester en marge de la révolution en cours. Ils proposent généralement des jetons frappés des créations anciennes qui sont dans leur galerie. C’est le cas avec le musée des Offices à Florence qui a créé le jeton non fongible d’une œuvre de Michel-Ange détenue par ce musée. L’unique exemplaire en question certifié et authentifié de l’œuvre « Tondo Doni » a été vendu à 140 000 euros. De même, le British Museum de Londres et le musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg ont lancé des reproductions numériques de certains articles de leurs galeries sous forme de NFT.
Aux États-Unis, en plus du musée des NFT de Seattle, ce qui est nommé « le plus grand musée du monde de NFT » est en cours d’installation au sommet de la tour Steinway à New York. En revanche, le NFT France ou plutôt le secteur de l’art avec les NFTs est un peu en retard notamment en raison de la législation qui n’y est pas trop favorable (interdiction de vendre aux enchères publiques des objets incorporels).
En février 2022, un musée exclusivement consacré à ce type d’actifs a été ouvert à Seattle. On y propose des créations originales qui s’accompagnent d’explications afin d’amener le grand public à se familiariser avec l’univers des jetons non fongibles en général et celui des NFTs d’art en particulier.
3. Les galeries virtuelles
D'autre part, l'avènement des metaverses et des réalités virtuelles ouvre de nouvelles perspectives concernant les galeries d'art numérique et les expositions virtuelles. Des projets avant-gardistes tels que VR-All-Art, qui est une plateforme donnant la liberté aux artistes de créer facilement des expositions en réalité virtuelle, se positionnent progressivement dans le paysage du monde de l'art, avec un espace de galeries virtuelles infini permettant aux créateurs de vendre leurs œuvres d'art sans les limitations de temps, d'espace et de géographie.
Quelles sont les perspectives pour l’art avec les NFT ?
L’horizon semble bien dégagé pour l’art numérique avec les NFTs et les nombreuses applications qu’ils rendent possible. Le volume des échanges déjà réalisé est colossal à l’instar des sommes injectées, ce qui rend la croissance du secteur exponentielle et certaines personnes en profitent déjà au maximum. Le marché du NFT d'art devient de plus en plus attrayant. En prenant en considération le poids des ventes sur une année, s'élevant à plus de 17.6 milliards de dollars en 2021 pour une valorisation totale évaluée à plus de 40 milliards de dollars (tous types de NFT confondus), le rendant presque aussi lucratif que le marché de l'art traditionnel, qui comptabilisait quant à lui 17 milliards de dollars la même année (pour une valorisation totale estimée à plus de 65 milliards de dollars), on remarque aisément que l'avenir du marché de l'art s’écrit dans le digital.
Déjà, ce nouvel eldorado numérique attire beaucoup d’individus à la quête de profits à réaliser en faisant les bonnes affaires. Ainsi, aussi bien les créateurs que les collectionneurs ont compris que l’avenir de ce secteur se joue à travers ces actifs numériques. Il s'agit d'un véritable changement de paradigme : l'impact historique majeur de la technologie NFT sur le monde de l'Art en 2021 peut être comparé à celui de la Renaissance ! Jamais un tel transfert de pouvoir entre les mains des artistes n'avait été atteint depuis l'invention de l'imprimerie par Johannes Gutenberg, quand les créateurs de l'époque purent imprimer leurs premières éditions. Cette révolution permit aux artistes de générer des revenus et de contrôler leur production dans leurs ateliers, pour la première fois de leur histoire. Aujourd'hui, les NFTs initient un changement de paradigme du même niveau historique.
Les années à venir vont confirmer la tendance actuelle avec le grand développement des metaverses. Plusieurs secteurs vont s’imbriquer pour donner une nouvelle orientation à l’expression de l’art à l’ère du digital. Un exemple palpable, on peut noter l’association des NFTs avec des objets réels dans le secteur de la mode et du luxe. C’est le type de projet que propose la marque Kalissa Paris qui lie les NFTs avec de l’art sur des vêtements de luxe. Mieux, cette marque a programmé des magasins alliant le luxe et le metaverse dans les plus grandes villes du monde. Il s’agit d’une excellente façon de combiner l’art, le luxe et les réalités virtuelles.
En somme, les NFTs d’art constituent une révolution qui bouleverse les codes traditionnels de l’art. La définition de ce qu’est une œuvre d’art et même de ce qu’est un artiste est impactée. Pourtant, si certains s’interrogent encore, la tendance amorcée par les NFTs d’art est bien réelle et progresse inévitablement. Les artistes sont les premiers bénéficiaires des avantages qu’offre ce nouveau mode d’expression de l’art numérique. Après avoir hésité quelques années, les maisons de ventes aux enchères et les galeries ont rejoint ce nouveau marché. C’est ce qu’elles avaient de mieux à faire pour ne pas être laissées pour compte dans cette révolution qui permet aux créateurs d’effectuer directement leurs transactions. À l’avenir, elles joueront aussi leur partition dans le secteur des jetons non fongibles d’art.