L’avènement des jetons non fongibles a bousculé fortement les habitudes de consommation dans tous les secteurs d’activité. Les univers des jeux vidéo, de l’art, du luxe, de la mode et bien d’autres sont sensibles à cette évolution. Il s’agit d’une transformation inévitable pour profiter des nombreuses applications qu’offrent les cryptos et les jetons non fongibles. Après le concept du Play-to-Earn dans le secteur des jeux vidéo, c’est au tour du Wear-to-Earn dans celui de la mode. Il s’agit sans nul doute de la prochaine vague NFT, crypto et fashion qui bouscule déjà le secteur de la mode. Focus dans cet article sur ce phénomène en pleine expansion.
Qu’est-ce que le Wear-to-Earn ?
Dans l’univers des jetons non fongibles et celui des cryptos, les innovations ne manquent pas de faire l’actualité. Si on se base sur la définition des NFTs, de nouvelles tendances voient le jour régulièrement, car les applications disponibles avec ces actifs numériques sont énormes. Le principe du Wear-to-Earn qui est en vogue en est la parfaite illustration. Il s’agit d’un concept novateur qui est basé sur une idée simple : porter des habits et être rémunéré.
En effet, le Wear-to-Earn ou W2E qui signifie littéralement « porter pour gagner » est la tendance consistant à créer un jeton non fongible qui est associé à un objet fashion qui peut être réel ou virtuel, créant un pont entre les deux mondes. Cela permet au consommateur de générer des gains sous forme de cryptos. Lorsque le client achète un habit d’une marque qui pratique ce nouveau concept, il peut gagner de l’argent en portant ce bien, et ce, de différentes manières.
L’achat et le port d’un vêtement entrant dans le principe du W2E se font généralement dans les réalités virtuelles, mais aussi physiquement selon les marques, ces accessoires pouvant être touchés du doigt dans le monde réel. Ainsi, ce concept hybride, déjà très avancé, permet de commander et de détenir un pull ou un T-shirt de marque à la fois dans les réalités virtuelles et dans le monde réel. Ce bien est associé à un jeton non fongible qui permet de gagner, de cumuler ou d’économiser de l’argent, en tant qu'actif numérique et certificat de propriété et d'authenticité.
Quelle est l'origine du Wear-to-Earn ?
L’une des idées derrière ce concept est la mise en valeur de la clientèle et sa fidélisation dans toutes les initiatives du secteur de la mode. Il faut donc donner de la valeur aux clients en leur permettant de bénéficier de certains avantages après un achat : un statut de VIP donnant accès à des privilèges sur les nouvelles collections, des réductions chez tous les partenaires de la marque, des revenus générés par l’achat de produits dans le monde numérique, des biens que l’on peut posséder réellement et qui soient uniques, l'investissement sur un actif numérique pour obtenir une plus-value dans le temps, etc.
L’existence de concepts tels que le Move-to-Earn pour être actif et le Play-to-Earn (P2E) pour le gaming est sans nul doute ce qui a poussé les acteurs du secteur des vêtements de luxe à initier le W2E. Lorsqu’on porte un habit, il met en valeur notre personnalité, une forme d’expression de soi à travers une communication non verbale. Avec la création des jetons non fongibles, l'association vêtements physiques et versions numériques est devenue effective. Le développement des réalités virtuelles est venu parachever cette tendance qui permet d’habiller des avatars et autres personnages dans ces réalités virtuelles. C’est donc le mariage entre la mode et les jetons non fongibles qui a d’une manière ou d’une autre conduit au concept de NFT Wear-to-Earn.
Le P2E et le W2E sont-ils similaires ?
Bien que des rémunérations soient proposées pour chacun de ces concepts, ils présentent des différences notables. En effet, les récompenses obtenues dans le gaming avec le P2E ne sont pas comparables à celles gagnées avec le W2E.
Dans le premier cas, les joueurs utilisent les gains pour acheter des skins et différents accessoires de jeux pour améliorer leur personnage ou avatar. Ils peuvent collectionner des objets divers et les échanger ou les vendre au sein d'une communauté, sur une marketplace dédiée ou un forum pour les joueurs. Parfois, ils peuvent les échanger contre de l’argent réel ou cryptomonnaies. Mais dans tous les cas, il n’est pas question d’objets réels dans le cadre du P2E, car les accessoires sont virtuels.
En ce qui concerne le W2E, l’industrie de la mode a initié ce concept pour permettre aux titulaires de jetons non fongibles liés aux habits de les utiliser à la fois dans les réalités virtuelles tout en possédant l’objet physique. On peut donc passer du numérique au concret, ce qui n’est pas le cas avec le P2E.
Comment fonctionne le Wear-to-Earn proposé par Kalissa ?
Kalissa Paris, une des grandes marques françaises du luxe 3.0, propose le concept du W2E pour sa clientèle qui porte les habits qu’elle propose. En effet, aussi bien les utilisateurs de cette marque, les investisseurs, les consommateurs que les collectionneurs peuvent profiter de ce modèle économique rentable. Celui-ci permet d’économiser ou de gagner de l’argent en portant les habits de cette start-up. Ce principe permet de fidéliser la clientèle en se basant sur les NFTs Kalissa qui utilisent les principales blockchains (Ethereum, Polygon, Solana, etc.)I.
Le W2E proposé par cette marque est axé sur :
- La réalisation d'économies dans un réseau commercial privé avec l’accès à diverses offres exclusives en achetant et en portant des produits physiques Kalissa Paris ;
- L’obtention de royalties cumulables avec l’achat d’un NFT luxe Kalissa ;
- Les gains de rewards en achetant et en portant un vêtement Kalissa Paris pour réaliser certaines missions ;
- Le bénéfice d’une rente en détenant un NFT original Kalissa et en le louant dans les mondes virtuels.
Il est donc clair que le W2E proposé par la marque Kalissa est à la pointe des innovations dans ce domaine, la société étant pionnière dans le lancement de collections hybrides (objets réels et virtuels), de leur production physique haut de gamme, mais aussi de leur utilisation dans les metaverses.
Quelles sont les différentes initiatives notables du W2E ?
Des millions de dollars ont déjà été investis dans l’industrie de la mode avec les tokens W2E. Tous les habits, les chaussures, les bijoux et les autres accessoires de mode qui peuvent être portés virtuellement font l’objet d’un engouement sans précédent avec l’essor des réalités virtuelles.
Les réalités alternatives constituent le nouveau terrain d’expression de la créativité des grands habilleurs. Les habits et accessoires y sont vendus avec la promesse de récompenser les clients. Certains projets ont déjà vu le jour dans cet univers de W2E. Ainsi, en dehors du projet Kalissa, d’autres enseignes ont fait leur apparition dans le secteur du W2E. Certaines initiatives retiennent particulièrement l’attention et méritent qu’on s’y attarde.
Megan Kaspar et Red DAO
La cofondatrice de la société d’investissement Magnetic Capital, Megan Kaspar, voit un avenir prometteur dans le virtuel avec le W2E. L’habillement numérique est un secteur qu’elle affectionne particulièrement et sa société investit dans ce type de start-up. Elle est aussi membre de Red DAO, une organisation décentralisée autonome orientée sur la mode. Ce DAO a d’ailleurs remporté un Doge Crown mis au point par Dolce & Gabbana, à l’occasion de la création de la première collection NFT de la marque de luxe italienne, sur le réseau Polygon. Le montant de cette opération est de 423,5 ETH qui représentent environ 1,275 million de dollars.
Comme le déclare Megan Kaspar dans une interview accordée à Cointelegraph, le port des habits virtuels par les clients sera récompensé par des jetons fongibles, des exclusivités et bien d’autres avantages. Pour faire partie de Red DAO, il faut un financement initial de 50 ETH correspondant à 100 000 jetons Red DAO. Il est également possible d’acheter un maximum de 300 000 jetons à 150 ETH. Les investisseurs pourront ainsi investir dans le numérique lié à l’habillement.
DressX
Il s’agit d’un site internet qui est une boutique en ligne proposant de superbes vêtements à bon prix. Là où ça devient intéressant, c’est qu’il n’est pas question d’habits réels qu’on peut porter physiquement. Les habits et accessoires achetés sont uniquement destinés à la caméra. Le principe est simple, car il consiste à télécharger une photo du client avec des habits ou accessoires ajustés sur le site internet. Le client choisit les pièces qui l’intéressent et les fait correspondre à sa photo, une sorte de montage. Une fois l’illusion créée, la photo est téléchargée et partagée sur les réseaux sociaux.
DressX permet de bien s’habiller dans le metaverse avec de nombreux habits digitaux créés par de grands stylistes. Ces NFTs, hébergés sur le réseau Ethereum, seront accessibles dans les metaverses via le Enjin Wallet. Cette société lancée en 2020 a réussi à lever environ 3,3 millions de dollars pour son idée originale. Elle a déjà collaboré avec de nombreux acteurs des cryptos pour le W2E.
La collection de Tidex
L’exchange Tidex a lancé une collection de 10 000 T-shirts en jetons non fongibles basés sur Ethereum, dont 3000 en prévente, pour explorer le W2E. La personne qui possède un de ces objets virtuels a la possibilité d’acquérir aussi ce qui est réel et de le porter en vrai. Cette bourse offre donc à sa clientèle la possibilité de miner des cryptos sur sa plateforme en portant des habits, c'est à dire des T-shirts liés à un actif non fongible.
Une fois que vous procédez à un achat de produit, vous pouvez gagner des rémunérations à vie. Vous avez aussi la possibilité de vendre votre habit sur les places financières secondaires (marketplaces). Il est à noter que les T-shirts vendus par Tidex en version numérique existent aussi réellement et sont d’une qualité premium. Cet acteur allie donc le virtuel et le réel pour la plus grande satisfaction de sa clientèle.
Comme préalablement évoqué, l’achat d’habits sur cette place d’échanges ouvre la voie au minage de cryptos. Il peut s’agir de l’ETH, du BTC, du TDX et bien d’autres, car tout est lié au choix du client. L’utilisation de l’application Tidex Verse facilite les opérations concernant les différentes transactions. Il n’y a pas de limites dans le nombre de T-shirts qu’un client peut posséder. La révolution est donc en cours avec Tidex qui veut également se doter de son propre metaverse, au bénéfice de ses utilisateurs.
Space Runners
Créée en 2021 sur la blockchain Solana, Space Runners a construit un véritable fashion metaverse avec une communauté qui ne cesse de s’élargir au fil du temps. La dématérialisation est au centre des activités de cette société. Les produits sous forme de jetons non fongibles commercialisés par Space Runners sont utilisés dans la réalité augmentée. Les propriétaires de ces actifs peuvent se connecter entre eux pour des interactions diverses.
Le drop GEN1 de Space Runners, une collection constituée de 10 000 NFTs "NBA Champions Sneaker", a été vendu en moins de 10 minutes pour un montant de 8 millions de dollars environ. Les partenariats exceptionnels développés par le projet sont à l’origine de ce succès, collaborant avec des visages familiers de la NBA comme Nick Young, Kyle Kuzma et bien d’autres.
La collection de sneakers NBA Champions proposée peut se connecter aux RA. Les détenteurs peuvent s'y déplacer dans l’espace et profiter de nombreux avantages avec ces objets qu’ils portent. Ils peuvent gagner des tickets de matchs et ils ont également un contact privilégié avec les différentes célébrités associées et bien d’autres avantages. Début 2022, Space Runners annonçait avoir levé 10 millions de dollars avec Polychain, Pantera, Jump Crypto et Accel dans le but de créer le premier metaverse de la mode sur Blockchain.
NFT Runway
Il s’agit d’un programme de W2E qui utilise une technologie spéciale, celle du 3D RealM. Runway amène la fashion de divers créateurs dans les metaverses en tant que jetons non fongibles portables. En décembre 2021, un défilé fashion a même eu lieu en live sur Decentraland en partenariat avec Ohzone Inc. Cette action a été rendue possible avec la technologie brevetée 3D RealM. Ce sont les versions numériques des habits réels, dont les NFTs ont été mintés sur Ethereum, qui ont servi à l’organisation de ce défilé.
Runway collabore également avec certaines organisations caritatives pour la programmation de ventes aux enchères destinées à les soutenir. Cette initiative permet de financer des organismes de bienfaisance à travers des versements de redevances pour chaque vente de jetons non fongibles.
Dolce & Gabbana
Acteur incontournable du secteur fashion, D&G a fait son entrée dans l’univers des jetons non fongibles avec sa collection Genesis. Ce fut le début de l’aventure à travers sa collaboration avec UNXD sur le réseau Polygon. La mise en vente de pièces uniques en ligne avec leurs exemplaires réels a été un franc succès. Cette vente a rapporté 6 millions de dollars, une somme conséquente pour un premier essai.
La D&G Family est une idée visant la mise en place d’une communauté de consommateurs ayant accès à des offres exclusives, selon les grands principes du W2E, avec divers avantages.
Pourquoi les grandes marques de luxe s’intéressent-elles au W2E ?
Les grandes entreprises de marque sont attirées par le W2E à cause du potentiel énorme que présente ce nouveau concept. En France comme partout ailleurs, la façon de consommer les biens de luxe, l’habillement et des accessoires qui vont avec est en pleine révolution. Le temps passé en ligne par les nouvelles générations de clients est impressionnant. Il faut à la fois soigner son apparence en vrai, mais aussi sur les réseaux sociaux.
Le W2E constitue une excellente façon de fidéliser la clientèle autour d’un idéal, un modèle de partenariat entre le client et la marque, en suivant la forte tendance à la numérisation du quotidien, de la réalité virtuelle ou augmentée, et du metaverse. Un partenariat dans lequel tous les acteurs sont gagnants. C’est ce qu’a mis en place Kalissa Paris à travers son concept innovant.
Par ailleurs, c’est pour ne pas rester à la traîne que chaque marque s’engage progressivement sur ce nouveau terrain de jeu qui est en plein essor avec les VR. Dans les metaverses, il faut également prendre soin du look et de l’habillement de son avatar. C’est un secteur assez lucratif et il serait regrettable de passer à côté d’une opportunité aussi intéressante.
Quelles sont les perspectives d’évolution du W2E dans les metaverses ?
L’habillement des avatars dans les réalités virtuelles constitue une façon novatrice de démocratiser tout ce qui a trait au fashion. Si on considère tout ce qui est dépensé dans les jeux avec le concept du P2E, on se rend compte alors que la trajectoire que va prendre le W2E sera encore plus extraordinaire. À l’ère du web 3.0 et toutes les nouvelles applications décentralisées qui vont avec, à l'ère de la RA et tous ses objets connectés, et en considérant l'évolution du secteur de la mode, il faut s’attendre à une expansion notable de tous ces marchés dans les metaverses.
Ces RA s’invitent déjà dans le quotidien de nombreuses personnes et la frontière avec ce qui est réel est réduite. La projection de ces RA se fait de plus en plus dans la réalité. Certains pensent qu’avec des capteurs, il est même possible de projeter des habits sur le corps des clients. Avec l'avènement des nouvelles technologies numériques, il y a fort à parier que les milliards de dollars générés chaque année par l'industrie de la mode et du luxe se multiplient au sein de ce nouveau marché virtuel incarné par les grands metaverses.
Le W2E est-il l’avenir des investissements dans les cryptomonnaies ?
Le marché baissier que connaît actuellement le secteur des cryptomonnaies a secoué l’univers de la finance décentralisée, du Play-to-Earn, et des NFTs. Cependant, il y a toujours espoir puisque le marché va finir par rebondir, selon les cycles du Bitcoin et de la macroéconomie. Dans ce contexte, le W2E pourrait bien constituer en partie l’avenir des engagements financiers dans les cryptos, pour les investisseurs et les collectionneurs avertis.
Le marché de la mode génère 150 milliards d'euros chaque année, et la tendance actuelle au tout digital, ainsi que la naissance d'évènements à succès alliant la mode et les NFT aux metaverses, tels que la MVFW (Metaverse Fashion Week), la New York Fashion Week, la Fashion Community Week San Francisco, la London Fashion Week ou encore la Paris Fashion Week, devraient participer au basculement progressif des modes de consommation classiques vers l'achat et l'utilisation des vêtements numériques.
En effet, il s’agit d’une alternative à l’achat et à la vente de ces jetons numériques qui sont tributaires de la fluctuation des échanges. Avec le W2E, il y aura une constance dans les revenus générés ainsi qu'une réelle utilité au quotidien pour les consommateurs. De même, les milliards investis dans ce nouveau concept peuvent constituer un levier intéressant pour la redynamisation et l’attractivité des cryptos. Ainsi, le W2E pourrait être l’outil parfait pour donner un nouvel essor aux financements dans les cryptomonnaies.
En somme, le W2E qui est la prochaine vague NFT, crypto et fashion bouscule les habitudes dans le secteur de l’habillement. Le développement des metaverses joue un rôle essentiel dans l’expansion du concept du W2E, car il donne de l’intérêt à la possession d’un objet de valeur dans les réalités virtuelles. On peut donc posséder des jetons non fongibles avec des articles réels utilisés par le client. Ce dernier trouve alors un intérêt à investir dans les enseignes de luxe qui lui permettent en retour de gagner de l’argent ou de faire des économies. Ce concept appliqué par Kalissa Paris et d’autres grandes marques a de l’avenir. Son vrai potentiel reste encore à explorer, ce qui promet de belles initiatives pour les années à venir.